Voici
Gloria

Gloria* est exploitante artisanale de cobalt à Kolwezi, en République démocratique du Congo (RDC).

L’extraction du cobalt a toujours fait partie de sa vie. Mais jamais elle n’aurait imaginé que ses jeunes enfants travailleraient un jour à ses côtés.
Ce n’est pas la vie dont elle rêvait pour eux.

Regardez la vidéo

*L’histoire de Gloria a été écrite pour témoigner de l’expérience des femmes que nous avons interviewées à Kolwezi et préserver leur anonymat. Les noms et détails ont été modifiés, mais l’histoire de Gloria est fidèle aux témoignages recueillis. Ce qui suit repose sur des entretiens accordés par des exploitantes artisanales et des négociantes de cobalt de Kolwezi en 2022 et en 2023.

Les dépenses du ménage de Gloria s’accumulaient. Elle n’avait d’autre choix que d’aller travailler à la mine ou de laisser sa famille souffrir de la faim.  Malgré son travail, Gloria a toujours du mal pour mettre de la nourriture sur la table.

Beaucoup de familles dépendent du revenu des femmes pour subvenir à des besoins essentiels comme se loger, se nourrir, se soigner et envoyer les enfants à l’école. Même mariées, les travailleuses doivent suppléer le revenu de leur mari, souvent variable ou insuffisant, en plus de se voir déléguer la responsabilité des enfants et de la maison. La région est aride et poussiéreuse, les arbres rares et clairsemés. Les potagers et parcelles agricoles se comptent sur les doigts de la main. Les aliments sont dispendieux, puisqu’ils doivent être importés d’autres régions.

Les femmes se tournent vers l’extraction du cobalt, car il s’agit de l’occupation la mieux rémunérée qui s’offre à elles. Ce travail leur permet d’empocher de l’argent à la fin de chaque journée sans exiger d’investissement de leur part ni de formation ou de compétences importantes. Les inégalités règnent toutefois dans les mines. L’accès à certains sites est refusé aux femmes, elles sont reléguées aux tâches les moins bien payées ou sont escroquées lors de la vente de leurs minerais. Résultat : elles ont du mal à joindre les deux bouts.

2.15 à 8.60 $ US

Revenu des exploitantes artisanales de cobalt par jour

Gloria et sa famille tirent le diable par la queue. Puis, ses deux aînés se sont mis à l’accompagner à la mine. Gloria compte maintenant sur leur revenu pour payer les vivres et le loyer.

C’est lorsque la situation est désespérée que les enfants prennent le chemin du travail, ce qui entraîne une dépendance envers leur revenu pour subvenir à des besoins essentiels. Tout comme pour les femmes, l’extraction minière est l’occupation qui leur procure les revenus les plus élevés dans la région. Certains sont poussés au travail par leurs parents, d’autres suivent d’eux-mêmes les traces de leurs frères et sœurs, amis et voisins.

Comme elles ne peuvent les laisser seuls à la maison, les femmes les amènent avec elles à la mine, où elles peuvent garder un œil sur eux et veiller à leur sécurité – une situation qui rend compte du manque d’options de garde à la portée des mères qui travaillent. Dès qu’ils atteignent l’âge, ces enfants s’initient à l’extraction du cobalt sous la supervision de leurs aînés et d’autres membres de la famille.

0.86 $ à 2.50 $ US
Revenu d’un enfant qui travaille dans une mine de cobalt par jour

Gloria sait que cette situation n’est pas normale, mais elle n’a guère le choix. Elle s’assure que ses enfants restent près d’elle et, si elle entend un agent de sécurité s’approcher, elle leur ordonne de détaler jusqu’à la maison.

Les enfants organisent leur travail en fonction des horaires des agents de sécurité. Ils connaissent leur position et utilisent des signaux pour s’avertir mutuellement de leur présence. Et comme des patrouilles sillonnent certaines mines, les familles se déplacent parfois vers d’autres sites où les contrôles sont moins stricts et où les enfants sont considérés comme  plus en sécurité.

Tout le monde sait que le travail des enfants est interdit et qu’il nuit à leur bien-être. Mais c’est ça ou la faim. Non seulement le travail des enfants suscite des sentiments mitigés, mais certains s’acoquinent pour en tirer profit. Des femmes nous ont parlé d’agents de sécurité ou du gouvernement qui ferment les yeux, tandis que d’autres exigent des rétributions ou les menacent, elles et leurs enfants, de les envoyer en prison et de leur infliger de lourdes amendes si elles ne paient pas un « droit d’accès » informel.

“Si l’on veut vraiment empêcher les enfants d’entrer dans les mines, il faut leur donner de quoi manger. Quelqu’un qui a le ventre plein ne peut pas interdire à un enfant affamé de travailler dans une mine.”

- Joëlle, exploitante artisanale de cobalt

Grâce à l’extraction du cobalt, Gloria et ses enfants ont de l’argent à la fin de chaque journée de travail. Tandis que la demande pour cette ressource ne cesse d’augmenter, il est temps qu’ils en récoltent les fruits eux aussi.

Le cobalt est un minerai essentiel aux technologies propres. Il entre dans la fabrication des batteries au lithium-ion qui alimentent les portables, les téléphones et les véhicules électriques. Il s’agit également d’un élément constitutif des aimants permanents, des dispositifs essentiels à la production d’énergie éolienne renouvelable.

Dans ce contexte de demande accrue, la République démocratique du Congo (RDC) est vouée à jouer un rôle décisif. En effet, la majeure partie du cobalt produit dans le monde provient de grandes sociétés minières présentes en RDC. Mais à mesure que la demande explose, le cobalt est devenu une source de revenus lucrative pour des exploitantes minières artisanales comme Gloria. Or, les technologies vertes ne profitent toujours pas aux familles de Kolwezi qui, souvent privées d’électricité, cuisinent encore au charbon de bois.

Gloria aimerait que ses enfants aillent à l’école, qu’ils soient promis à de meilleurs lendemains. Si elle en avait la chance et les moyens, elle pourrait changer leur avenir.

La solution ne réside pas dans le simple fait de bannir les enfants des mines. Si c’est la pauvreté et la faim qui les poussent à aller travailler, ils n’arrêteront pas de sitôt. Pour contrer ce problème, il faut augmenter le revenu du principal soutien de famille, à savoir les femmes. Pour ce faire, il importe de renforcer leur sécurité et de veiller à ce qu’elles fassent partie des personnes prenant des décisions dans leur communauté.

Les exploitantes minières artisanales du secteur du cobalt ont besoin :

Abolir le travail des enfants commence par investir en faveur des exploitantes des mines de cobalt de la République démocratique du Congo.

Dépendance des familles envers le travail des enfants : arguments en faveur d’une amélioration des moyens de subsistance des femmes pour mettre fin au travail des enfants dans le secteur du cobalt en République démocratique du Congo

Notre plus récent rapport de recherche porte sur le travail des enfants, son rôle dans l’extraction artisanale du cobalt et ses liens avec la sécurité financière des femmes. Découvrez à quoi sert le revenu des enfants, comment les jeunes organisent leur travail et ce qu’en disent les exploitantes minières.

Télécharger le rapport

Si vous êtes une consommatrice ou un consommateur :

  • Racontez l’histoire de Gloria à vos proches et amis, à vos collègues et à vos réseaux.
  • On peut contribuer à mettre un frein au travail des enfants dans les mines de cobalt de la RDC si l’on sait comment et pourquoi investir dans les femmes.
  • Posez des questions sur l’origine et la provenance des produits que vous achetez, et dites aux entreprises que vous souhaitez acheter des produits faits de matériaux issus de l’exploitation artisanale.
  • Tell companies you are interested in purchasing products sourced with materials from artisanal miners.

Si vous êtes à la tête d’une entreprise qui s’approvisionne en cobalt :

  • Ne boycottez pas le cobalt de la RDC, qui constitue un moyen de subsistance important pour les populations locales.
  • Collaborez en amont avec les communautés locales afin de lutter contre le travail des enfants par des moyens durables et documentés, qui reposent sur une démarche d’amélioration continue, plutôt que par des mesures répressives qui exposent les femmes et les enfants à des risques accrus.
  • Investissez dans l’amélioration des pratiques et l’égalité femmes-hommes en finançant les actrices et acteurs locaux du pays pour répondre aux besoins cernés des exploitantes artisanales de cobalt.

Si vous êtes une décideuse ou un décideur politique :

  • Écoutez et mobilisez activement les intervenantes et intervenants sectoriels et communautaires – tout particulièrement les femmes – afin de mieux connaître le contexte dans lequel s’inscrivent le travail des enfants et les solutions documentées qui peuvent contribuer à y mettre fin.
  • Instaurez une réforme politique qui défend les droits des femmes et lutte contre la discrimination dans les mines.
  • Investissez pour renforcer la sécurité des femmes et soutenir les initiatives féminines en finançant les acteurs locaux en RDC pour répondre aux besoins cernés des exploitantes artisanales de cobalt.

Racontez l’histoire de Gloria

Partagez les images ou les clips vidéo sur les réseaux sociaux et par e-mail avec vos amis, votre famille et vos collègues.

Incluez le hashtag #VoiciGloria et taguez-nous @IMPACTtransform dans votre message.

Vous pouvez copier ce texte pour encourager votre réseau à regarder la vidéo complète et à visiter le site Web :
#VoiciGloria Découvrez comment abolir le travail des enfants commence par investir en faveur des exploitantes des mines de cobalt de la République démocratique du Congo. Regardez la vidéo complète de @IMPACTtransform et apprenez-en plus :  voicigloria.impacttransform.org
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L’histoire de Gloria a été élaborée dans le cadre du projet Sa sécurité d’IMPACT.

La première étape de ce projet vise à amplifier la voix des femmes partout dans le monde afin de cerner les causes profondes du travail des enfants dans le secteur de l’extraction du cobalt et ainsi encourager les investissements et le soutien en faveur d’un changement durable. Une deuxième étape consistera ultérieurement à mobiliser les parties prenantes de la RDC autour de l’autonomisation des exploitantes artisanales de cobalt et à soutenir des activités destinées à les outiller afin qu’elles puissent jouir d’une meilleure sécurité financière dans le secteur.

Adisi ya Gloria ili fanywa kama sehemu ya mradi wa Usalama Wake wa IMPACT. Hatua ya kwanza ya mradi huu inalenga kupaza sauti za wanawake kila mahali ili kuchunguza vyanzo vya kazi ya watoto ndani  ya uchimbaji madini ya kobalti ili kutia uhodari na michango ya kipesa  ndani ya kazi ili kufikiya   mabadiliko ya kudumu. Hatua ya pili ina lazimishwa ku kusanya mausika wote mu DRC kwa lengo ya kufikiya kujitegemeya ki uchumi ya wanawake  wachimbaji madini wa kobalti na ku saidia ma kazi  zao kuwapâ nguvu na akili ili wafikiye kukamilisha usalama wa kipesa ya kazi  katika sekta hiyo.

Un merci tout spécial aux exploitantes artisanales et aux négociantes de cobalt de Kolwezi qui ont accepté de nous raconter leur histoire. Nous n’aurions pu réaliser ce projet sans leur aide. Nos remerciements vont également aux chercheuses d’IMPACT en RDC, pour leur inestimable apport à ce projet, ainsi qu’aux équipes du centre du Bon-Pasteur de Kolwezi et de la Fondation internationale du Bon-Pasteur, pour leur appui à la recherche.

Le projet Sa sécurité est rendu possible grâce à l’aide financière d’un membre de la Responsible Minerals Initiative (RMI), par l’intermédiaire de la Responsible Business Alliance (RBA) Foundation.